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Vie et mort de l'ACIDE L'assemblée générale constitutive de l'ACIDE, qui a lieu en novembre 1978, ne réunit que cinquante-trois des deux cents cinéastes convoqués, démobilisation toute relative mais due selon Mazé à la " lassitude des cinéastes devant les querelles intestines attisés par certains ". Il s'agit de mettre en place les différentes commissions qui élaboreront un projet précis et iront négocier avec le C.N.C. et d'autres organismes (ministères, universités, municipalités ) les différents projets d'aides. Cette association regroupant des cinéastes, et non des collectifs, il est aussi question de la création d'un éventuel statut de " cinéaste indépendant " qu'il conviendrait de négocier avec le Ministère de la culture et de la communication en vue de leur " procurer les avantages liés à la situation d'auteur " et de les situer " hors de la réglementation du cinéma industriel ". Un projet global d'un montant de six millions est déposé en janvier. Le " groupe des treize " en dépose également un, d'un montant de 800 000 F (il ne s'agit là que de l'aide individuelle). Aux dires de Jack Gajos, qui doit en faire la synthèse et vient en débattre avec certains membres de l'ACIDE, " il est étonnant de constater la similitude des deux projets ", " juste une petite chose ou deux dans l'un des projets et pas dans l'autre ". En février 1980, la synthèse n'a toujours pas été faite, et l'ACIDE n'existe plus. Le retour des Lettristes Ironie du sort, le quorum nécessaire à la tenue de la première assemblée générale de l'association ne pût être atteint que grâce à l'adhésion, in extremis, des amis lettristes de Maurice Lemaître, qui déclare " vouloir étendre l'audience et la force de l'ACIDE ", ce qui ne peut se faire sans " auto-critiques " de certains. Souhaitant la bienvenue aux membres de l'ACIDE, Lemaître leur rappelle qu'il est à l'origine de la première réunion des coopératives de cinéastes français d'avant-garde et les appelle à souscrire à " nos buts ( ) : Créatique, Kladologie, Externisme, Hyperthéodémocratie " Les membres de la Coopérative du cinéma marginal (dont seuls Ahmet Kut et Nicolas Villodre avaient assisté au colloque de Lyon) sont treize, et si l'acide compte quatre-vingt-un adhérents au total, l'assemblée n'en réunit que trente et un. En sus des querelles " classiques " divisant certains membres " historiques ", les lettristes distribuèrent comme à leur habitude tracts et injures à tout va (se définissant à l'" avant-garde ", parlant même de " chiennes de Buchenwald " pour désigner certaines des intervenantes ), firent états de neuf propositions que la c.c.m. avait déjà voté et élirent une des leurs, Hélène Richol, à la présidence Mazé, notant qu'il " faudra peut-être attendre une nouvelle génération de cinéastes suffisamment unie pour se mobiliser entièrement afin d'obtenir les moyens réclamés " démissionna de l'ACIDE, qui péréclita. Patrice Kirchhofer, auteur du rapport gris, ne put que constater, dans un courrier non publié par les Cahiers, la faillite collective du projet : " Nous voudrions simplement que l'État, à travers le C.N.C., fasse ce qu'il est convenu d'appeler son devoir en aidant la création d'un cinéma dont la prétention est de ne prendre ses spectateurs ni pour des clients, ni pour des imbéciles. Vous me direz que c'est là une prétention incompatible avec celles de notre société libérale avancée. Vous auriez raison. " Diviser pour mieux régner Jack Gajos ne fit jamais sa synthèse, et l'argent de l'État ne commença à arriver qu'en 1982 : 20 000 F pour financer le local et le secrétariat du Collectif, 20 000 F d'aide à la programmation pour les Archives du Film Expérimental d'Avignon de Rose Lowder et Alain Sudre en 1983, et " quelques dizaines de milliers de francs correspondant à une subvention d'équilibre " à partir de 1985 pour la Paris Films Coop. La Coopérative des cinéastes disparut, quant à celle du Cinéma marginal, elle fait toujours parler d'elle à travers les tracts rageurs que distribuent encore aujourd'hui Maurice Lemaître et ses amis. Le Collectif confiera, de 1989 à 1997, son catalogue et le local à Light Cone, scission de la Paris Films Coop créée en 1982 par Yann Beauvais devenue, dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, le principal partenaire, interlocuteur et programmateur du cinéma expérimental. Ces cinq " collectifs " existent toujours, mais la majorité des cinéastes, désabusés ou sans aides, ont laissé tomber, changeant d'optique, sinon de métier, et beaucoup n'ont plus fait de films, disparaissant totalement du milieu et du débat. Vingt-deux ans après, les ressentiments qui vont des regrets à la haine sont toujours là, les " clans " aussi, les aides toujours pas. Si le cinéma dit " expérimental " semble ces derniers temps revenir sur le devant de la scène, il reste néanmoins réduit à la portion congrue, la notion de " cinéma indépendant " étant aujourd'hui l'apanage (y compris budgétaire) d'" exceptions culturelles " esthétiquement interchangeables et érigées en dogme par les professionnels de la profession. Ces genres de cinémas continuent à être ballotté des Beaux-Arts au C.N.C., sans jamais être réellement pris en considération. Ils ont été également oubliés, et balayés, par la déferlante de subventions apparues dans les années quatre-vingt via le Ministère de la culture, mais concernant exclusivement l'art vidéo, plus neuf et " moderne " que le cinéma expérimental, et le " cinéma d'auteur ", présenté bien évidemment (on ne change pas une recette qui ne marche pas) comme la seule forme valable de contrepoids artistique face aux " diktats du marché " |