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Salauds, salope, démagos Louis
Skorecki : Je n'ai rien contre les gens dont les films vont finir
dans les galeries et les musées, mais il y a des cinéastes
qui ont envie de faire des films pour qu'ils passent encore dans les
cinémas, c'est un projet différent, c'est tout. Marc Berri et Louis Skorecki, tous deux très proches de Kirchhofer, sont les trublions du colloque, maniant l'humour et l'agit-prop comme d'autres la langue de bois. Si le premier n'avait pas été invité, le second est un dissident des Cahiers, provocateur invétéré qualifié, entre autres d'" ennemi déclaré du cinéma indépendant expérimental " par Fihman, et qui traite à son tour les membres de la P.F.C. de " menteurs professionnels " en regrettant l'absence du parler-vrai de Maurice Lemaître, opportunément non-invité lui aussi (on n'ose d'ailleurs imaginer le colloque en sa présence ). Le ton général nuit donc au " débat " et les incompréhensions, clivages et insultes s'enchaînent à tous de bras. Pour Fihman, l'" enjeu de ce colloque est de savoir si on forme malgré tout quelque chose de cohérent " et si l'hétérogénéité résistera au " laminage de la répartition financière ". Si tous cherchent, chacun à leur tour, à promouvoir l'unité, et avoir la paix, telle Raymonde Carasco (" Nous désirons faire des films et devenir cinéastes indépendants, ce que nous ne sommes pas "), les deux camps ne se comprennent pas, et chacun craint pour ses intérêts. Claudine Eizykman regrette qu'après avoir été minoritaire par rapport au cinéma industriel, " on se retrouve comme par hasard encore minoritaire dans le cinéma indépendant ". Pour elle, " il y a des gens qui n'ont jamais fait de films, et puis il y a des cinéastes ", si le mouvement s'est développé, le problème n'est pas de le stabiliser, mais de partir de l'acquis pour le consolider. Suite à une altercation, un certain nombre de cinéastes membres de la P.F.C. quittent momentanément la salle. Au vu du clivage, les autres types d'aides n'ont guère la possibilité d'être évoqués, telle cette proposition de Barbara Glowcewska de subventionner dans le cadre, prioritaire selon elle, de l'aide à la diffusion " un camion itinérant, sur le modèle de ce qui a été réalisé par Wenders en Allemagne ". Marcel Mazé avait pourtant prévenu : " Il n'est pas question de terminer le colloque sur un vote où la majorité décide et la minorité s'écrase ". " La manuvre vert-de-gris " Guy
Fihman : À ce moment de l'histoire du cinéma en France,
il y a des courants qui n'ont pas les mêmes idées et les
mêmes objets. Donc il faut que les choix soient clairs. Alors,
par rapport à l'ordre du jour, je demande quelle est la réponse
qui a été apportée à la question d'hier ! Ce genre d'échange absurde et essentiellement conflictuel est monnaie courante et ralentit notablement l'avancée du colloque. Il s'agit de savoir s'il convient d'accorder une priorité à certaines aides, ou bien de mettre en avant un projet global. Fihman et ses amis craignent plus que tout que ne soit exclu ou réduit en peau de chagrin le projet d'aides individuelles. Il va même jusqu'à dénoncer la " manuvre vert-de-gris qui consiste à dire : on fait comme s'il n'y avait pas de priorité et on rafle tout ensuite pour l'atelier ! ", gris étant la couleur du contre-rapport de Kirchhofer, vert, et c'est là le plus étonnant de sa part, celle du rapport rendu par le groupe d'étude qu'il a co-présidé " vert-de-gris " étant celle de l'uniforme nazi tout un programme. Si la majeure partie des intervenants privilégie les moyens collectifs de production, " la plupart des gens sont pour ne rien exclure ", comme le rappelle, entre autres, Dominique Noguez, c'était même le seul et unique vecteur de consensus Mais la guerre des tranchées s'intensifie et fait place à des batailles de procédure. Jean-François Garsi, dans lun des trop rares moments de lucidité du colloque, rappelle qu'" il y a un mot qui n'a jamais été prononcé depuis le début, la question étant toujours sous-entendue, c'est le pouvoir, l'enjeu du pouvoir ". |