Cinoche Vidéo
Maria Koleva Films
43, bld St Michel
75 005 PARIS
Tel : 01 47 00 61 31 //:retour@SANS-
//:retour@maria VOLET n° 2 32 heures pour libérer la créativité de la République Parce que le privé comme le public vit en huis clos, ce qui rend impossible de produire et de distribuer des films indépendants, ou tout simplement de créer dans aucun domaine culturel ou de recherche, il est indispensable de réduire le temps de travail des fonctionnaires du public (et du privé) à 32 heures. Pour donner 150 millions de francs à 150 personnes et que chacune fasse un film indépendant d'un million, il faut libérer la créativité des fonctionnaires, et des autres. L'exception française, c'est une Fonction Publique où des millions de serviteurs de l'Etat ont de l'amour et de l'estime pour l'Etat républicain et son rôle dans la société. Plusieurs milliers d'entre eux, inventifs, solidaires et progressistes, sont entrés dans la fonction publique pour être utiles, et pas seulement pour eux-mêmes ou leur tranquillité. Aujourd'hui en France les meilleurs êtres humains sont comme les abeilles figées dans l'ambre rejetée par la mer. Toute leur énergie va au service d'un Etat, lui-même au service d'un marché mondial libéral aux lois imprécises, comprimé dans le moule du "tout pour le marché". D'autre part, les millions de petits et moyens fonctionnaires français sont confrontés tous les jours au rejet du marché, car ils n'apportent pas plus de profits que ceux qu'ils servent (les docteurs et leurs malades conventionnés, les postiers de village et leurs vieux retraités, les cheminots et leurs usagers de petites gares désaffectées, etc...). De plus en plus, les fonctionnaires et ceux dont ils s'occupent sont rejetés ensemble à la périphérie de la so-ciété par la force centrifuge du cyclone au cœur duquel se trouve la spéculation financière. Elle reste indemne, mais tout alentour est ravagé, détruit. Car le vent du marché libéral souffle de plus en plus fort. Venus de la culture, anciens réalisateurs indépendants, écrivains, poètes, etc, ils sont entrés dans la Fonction Publique la tête pleine de rêves. A présent ils sont contraints de servir la caste des nouveaux riches incultes, car les ser-vices publics et les hauts fonctionnaires ont dû s'adapter à la nouvelle vision d'un État vidé de ses fonctions républi-caines. Comme eux, les journalistes, obligés de relater l'action de l'Etat, se retrouvent au service du marché mondial libéral, sans compter les liens privilégiés qu'ils entretiennent avec les tenants visibles du marché. En résultat, il n'y a aucune fissure où puisse se glisser l'art indépendant, et le septième en particulier. Le cercle du huis clos se referme sur lui-même: les fonctionnaires, en servant un Etat au service du marché mondial, sont présentés au public par des journalistes fonctionnarisés par un Etat au profit du marché. Comment libérer ces forces créatrices figées dans l'ambre? Dans les fouilles récentes, même libérées après deux cent mille ans, certaines bactéries revivent. Pourquoi pas nos fonctionnaires, moyens et petits? Réduire le temps de travail à 32 heures permettra à ces forces vives de la République de s'investir dans des associations, de produire, d'utiliser leur énergie au profit de l'âme et d'une production différente. Une production artisanale par le nombre de personnes, mais très moderne par les moyens. Car dans notre capitalisme "moyenâgeux", le plus petit et le plus grand sont égaux - si l'un ne peut pas travailler, l'autre non plus. Voilà une première petite partie arrachée au cyclone qui dévaste le monde. Une partie prête à reconstruire sur les ruines. Mais ce capitalisme sauvage, qui n'a d'égal que le féodalisme du Moyen Age où une seule famille fournissait tous les rois d'Europe sous des noms adaptés au pays, prive l'individu de la possibilité d'exprimer ses talents, ses découvertes, son intelligence. Il tue le désir. Comment vit-on sans désir, alors? Comme maintenant en France. Faisons ce qu'il faut. Paris, 12 mars 1996 - Maria Koleva //:retour@top
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