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VOLET n° 1

Relancer Le Cinéma Français
Faire des films et les distribuer
Une démarche citoyenne

Texte destiné à ceux qui peuvent faire le geste individuel de faire aboutir cette proposition

Pour arriver à l'essentiel de mon propos, il faut admettre la réalité :
1. Comme les sondages en politique, les chiffres réels de fréquentation des salles de cinéma sont inexacts. Il y a une baisse significative de la fréquentation. Si de plus en plus de films sortent dans les salles, ils sont de plus en plus vite retirés des écrans. A ce rythme là, même les 5 millions de riches qui peuvent aller plusieurs fois au cinéma et se payer des places à 50 francs, vont bientôt épuiser leur désir de cinéma.
2. Le combat des français pour préserver la République et ses fondements culturels face au féodalisme économique des rois modernes du " tout-pour-le-marche " se reflétera par une désaffection vis à vis d'une grande partie du cinéma américain - celle de la sous-culture (meurtre, viols et haine à effets spéciaux). Avec la nouvelle vague d'émigrants venus des pays de l'Est et d'Europe Centrale, il y aura toujours quelques bons films américains car, comme la vague des années 30, ces réalisateurs feront des véritables documents-fictions sur les problèmes sociaux et politiques des Etats-Unis, proches de notre vision européenne. Mais les français fermeront la porte de leur âme aux autres. Par conséquent, dans trois ans, un tiers des salles de cinéma seront obliges de fermer par manque de spectateurs.
3. Certains PDG des grandes compagnies de production et de distribution déclarent que " les films n'ont pas à avoir des idées ". Cette vision relève du même mépris du citoyen que celui de certains politiciens qui croient pouvoir imposer au " citoyen/consommateur " le mode de vie " tout-pour-le-marche ". Les dix millions de français auxquels je pense, plus actifs et plus demandeurs d'idées, ont besoin de cette diversité de choix culturel que la démocratie ne leur offre plus.


Que faire ?

L'Etat donne 150 millions de francs à un seul producteur pour faire un seul film (sur les qualités duquel je me garde bien d'émettre le moindre jugement). Ce financement s'effectue à travers les SOFICA, l'Avance sur recettes et en coproduction avec les chaînes de télévision.
Je propose que l'Etat donne à 150 réalisateurs, en passant par de petites sociétés comme la mienne, 1 million de francs pour faire un film (fiction ou documentaire, 16 mm ou vidéo) - 150 films à la place d'un seul.

Ces petites sociétés de production auront l'obligation de livrer le film termine au bout de trois ans ou de rendre le million si le film n'est pas fait. Toute coproduction avec la télévision rend le contrat caduc. Si le film est intéressant, on peut le gonfler en 35 mm.

Pour réaliser ma proposition, il faut créer un service autonome au CNC qui n'ai rien à voir avec les autres services.

Une fois ce trésor de 150 films obtenus, il est sur qu'il y aura au moins deux ou trois films géniaux et que les autres seront plus intéressant que ceux qui sont produits aujourd'hui.

Le rôle de l'Etat étant de donner des chances à plus de créateurs possibles, cette forme de financement nous sort de la famille du cinéma qui est devenue toute petite. Elle nous sort de tous ces films d'enfants de banquiers et de hauts fonctionnaires. Il s'agit de la future mémoire du peuple donc du monde.

Evidemment ce financement permettra à de nouvelles branches de pousser comme les films-livres ou celles, déjà prisées par les Français, les documents-fictions et les films poétiques. Il libérera le droit de faire des films aujourd'hui, quand tout est image.

Le peuple a le droit a son image, faite par lui-même autant que par les autres.

Les films obtenus par ce financement pourront être distribues dans les salles Art et Essai, les salles de Recherche, dans les salles des mairies, les centres culturels et partout où les grands circuits imposent leur loi. Les fonctionnaires et les employés de ces salles pourront préserver leur emploi.

Avec un contenu intéressant et au prix de 25 francs la place, ces films auront du public. Le prélèvement de l'Etat sur les billets doit retourner au service créé pour ces films.
Les grandes compagnies (Gaumont, UGC, Pathé, etc.) seront bien contentes de ne pas avoir déboursé un sou tout en ayant à leur disposition un vivier de talents où elles pourront puiser pour leurs grosses productions commerciales.

Aux Etats-Unis, les grosses compagnies donnent un peu d'argent à des Indépendants. Les " financiers " du cinéma français osent s'appeler des producteurs alors qu'ils ne sortent pas un centime de leur poche. Comment voulez-vous qu'ils ne soient pas heureux, comblés, par ce nouveau mode de financement ?

Ce qu'il faut c'est un homme d'envergure qui fasse le geste individuel de créer le service, d'organiser le financement, de souder une petite équipe autour de lui. C'est presque un retour à l'artisanat, mais cela peut avoir l'effet de " l'artisan " Bill Gates.

Si on continue à produire comme maintenant, il vaut mieux abandonner tout de suite la langue française.

Paris, le 1ier Janvier 1996
Maria Koleva

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