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Travail, Famille, Mairie
de Pierre Merejkowsky

Un enfant ne demande pas à naître. Les parents sont responsables de l'Education de leurs Enfants. Une Civilisation qui ne reconnaît pas les droits de l'Education est de toute évidence incapable de reconnaître les Droits élémentaires de la Justice, de l'Equité Sociale. Les Services de l'Aide à l'Enfance en difficulté de la Mairie défendent les Droits et les Devoirs des Enfants. L'Education et la représentativité légitime d'un Maire sont indissociables de l'exercice et de la jouissance de la Liberté. Le Maire et son Administration représentative sont les garants de notre Liberté. La représentativité d'un Maire ne peut exister sans la Liberté. L'Amour est le pilier logique de l'Education. Un futur nouveau-né même dépendant d'un état embryonnaire a droit à l'écoute du Maire, du père géniteur, de la mère, des grands-parents, des voisins, des cousins, des grands-oncles. Un enfant dépendant d'un état embryonnaire officiellement reconnu par les autorités médicales compétentes a le droit de dormir dans un lit. Il a le droit de jouer avec des objets réservés pour les enfants en bas âge. Il n'a en revanche pas le droit de manger des cacahuètes. La cacahuète peut se coincer dans la trachée artère et provoquer ainsi une obstruction des voies digestives et respiratoires. Un enfant ne doit pas boucher ses voies digestives et respiratoires. Je suis parfaitement d'accord sur ce point précis.
Je me suis trompé.
Je suis coupable. J'ai toujours été coupable. Je n'ai pas défini de projet pédagogique. Zède a défini un projet pédagogique. Elle n'est pas coupable. Elle apporte la preuve quotidienne de sa responsabilité. Elle a acheté un lit et deux biberons. Un futur nouveau-né n'est pas coupable. Il n'a pas demandé à naître. Il est innocent. Il a le droit de jouir de son innocence. Zède travaille dans un milieu difficile. Notre futur nouveau-né ne travaille pas dans un milieu difficile. Il le droit de dormir dans un lit et de boire du lait maternisé dans deux biberons stérilisés. Je ne travaille pas dans un milieu difficile. Je ne demande pas des secours pour des malades. Je ne suis pas malade. Je n'ai aucune raison de ne pas aller bien. Mes notes d'intention importante sont indépendantes d'une demande de secours et d'un drapeau planté sur le toit d'une Mairie. Mes notes d'intention importante ne dépendent pas de la recherche d'une notoriété. Je ne cherche pas la notoriété. Je ne cherche pas à occuper la place du Maire. Mes notes d'intention importante dépendent de la conquête de nouveaux réseaux. Je n'essaye pas de convaincre. Je reconnais en privé que ce refus d'un projet hiérarchique conditionne ma collaboration à un système. La désertion passe nécessairement par le refus du dialogue constructif, par le refus de l'envoi de missives référencées aux autorités municipales. La hiérarchie ne conditionne pas la rédaction de mes notes d'intention importante. Je rédige mes notes d'intention importante dans la matinée. Je rédige mes notes d'intention importante sous la clarté d'une lampe de bureau. Je souligne les en têtes de chapitres avec de l'encre noire. Je signe mes notes d'intention importante de mon nom. Je communique mon adresse au Service de l'Action Culturelle et Territoriale de la Mairie. J'attends les réponses. Zède attend un enfant. Nous ne partageons pas la même attente. Je ne cherche pas à être décoré. Je ne rédige pas des Mémoires pour la postérité. Je n'agis pas pour le bien de notre futur nouveau-né, ou de mon futur beau-père géniteur. Mon beau-père géniteur potentiel s'assume. Mon beau-père géniteur potentiel a été décoré de l'Ordre de la Légion d'Honneur. Il ne vit pas aux crochets de ma belle-mère potentielle. Il a dit à Zède que je vivrai à ses crochets. Mon père géniteur n'est pas propriétaire d'une Légion d'Honneur. Ma mère est propriétaire d'une maison de campagne. Mon père géniteur est propriétaire d'une voiture. Il n'a jamais adressé de note d'intention importante au Service de l'Action Culturelle et Territoriale de la Mairie. Mon père géniteur ne fréquente pas les Salons d'Honneur de la Mairie. Mon père géniteur ne se gargarise pas d'intentions paradoxales. Mon père géniteur gère sa vie. Mon père géniteur vit. Mon père géniteur assume son identité. Mon père géniteur est responsable de ma naissance. Mon père géniteur gère son plan de retraite. Mon père géniteur planifie les travaux de réparation de son véhicule privé. Mon père géniteur procède à la réparation de l'appareillage électroménager de son domicile privé. Je ne procède pas aux réparations de mon véhicule privé. Je ne possède pas de véhicule privé. Je me déplace à pieds. Je ne réponds pas aux messages enregistrés sur le répondeur du téléphone enregistreur de Zède. Les messages enregistrés sur le répondeur enregistreur de Zède ne me sont pas destinés. Je ne demande pas si Igrèk, ou si Doublevé ont téléphoné à Zède. Je ne téléphone pas au plombier de la copropriété. Je ne téléphone pas au plombier de la rue. Je ne procède pas à la réparation de mon chauffe eau électrique. Il est parfaitement possible de faire bouillir l'eau froide dans la casserole et il est parfaitement possible de laver la vaisselle sale avec l'eau bouillie sans s'ébouillanter les mains. Il suffit en effet d'enfiler une paire de gants en plastique. Le chauffe eau participe à notre système d'oppression. Il conduit à consommer des tuyaux, des joints, des résistances, des robinets, des vis, des clous, de la ferraille tordue. Je n'ai pas arraché le papier peint du couloir de Zède. J'ai arraché le papier peint du couloir qui appartenait à la femme que je fréquentais chaque week end. La femme que je fréquentais chaque week-end vit avec un permanent politique et le permanent politique jouit désormais de l'harmonie reposante que constitue la rénovation sereine d'un couloir. La voisine Enne ne souhaite pas arracher le papier peint de son couloir. La voisine Enne envisage de prendre ses congés de fin d'année avant le début de l'année. Je n'envisage pas de partir en vacances. J'envisage de rédiger une nouvelle note d'intention importante. La voisine Enne aime les cocotiers et les populations autochtones qui résistent à l'envahissement. Je n'aime pas les vacances. Mon absence de revenu régulier ne me permet pas d'acheter des billets de train, ni des pousses cafés, ni des Pédalos. Je ne veux pas acheter des tasses à café supplémentaires. Je ne bois pas du café. Je bois du thé ou du chocolat. Je ne bois jamais de café. Je descends la poubelle tous les soirs. Je serre chaleureusement la main des invitées femmes de Zède. Je réponds aux questions que me posent les invitées femmes de Zède. J'éteins ou j'allume la lampe de chevet dans les circonstances que commandent l'allumage ou l'extinction d'une lampe de chevet. Je ne m'enferme pas dans un système qui pourrait causer ma perte. Je partage les moments de bonheur. Je mange les desserts qui me sont proposés. Je m'extasie sur le bouquet d'un vin. J'analyse les conséquences d'une grève générale sur l'économie. Je cède ma place aux personnes âgées. Je coupe le fromage en respectant les portions prédécoupées. J'étale le beurre de la Normandie sur les tartines.
Je ne suis pas un marginal paranoïaque. Zède dîne avec une amie femme. Je ne dors pas. Je ne rêve pas. Je ne fais pas la vaisselle. Je marche dans la rue. Je rencontre mon ami psychiatre cette nuit dans cette rue. Mon ami psychiatre marche la nuit dans cette rue. Mon ami psychiatre a cessé d'exercer la psychiatrie. Il prescrit des régimes pour les épouses obèses. Il m'a présenté sa cousine Igrèk. Igrèk est célibataire. Elle n'a pas d'enfant. Elle vit seule. Elle a plusieurs amants. Son ancien mari se déplaçait en moto. Igrèk ne supporte pas les paranoïaques. Igrèk se déplace en métro. Elle n'a pas de voiture. Doublevé se déplace en voiture. Il a acheté une voiture de grosses cylindrées. Igrèk n'a pas acheté de voiture. Elle n'a pas fini de payer les traites de son ancien appartement. Son ancien mari était paranoïaque. Elle l'a incité à mettre un terme à leur relation. Elle n'avait pas envie de perdre son temps. Elle préfère téléphoner à une copine plutôt que de perdre son temps avec un mari paranoïaque.
Igrèk m'avait envoyé une carte postale. "Je tiens parole, je t'avais dit que je t'enverrai une carte postale, et je t'ai envoyé une carte postale" avait expliqué Igrèk. "Je ne suis pas une femme indifférente et blasée, je n'ai pas envie de vivre des relations superficielles avec les personnes que je rencontre chez moi et c'est pour cette raison que je tiens toujours mes promesses" avait ajouté Igrèk. Igrèk a cessé de fréquenter mon ami psychiatre. Mon ami psychiatre n'était pas paranoïaque. Mon ami psychiatre était parti en vacances avec Igrèk et la mère de Igrèk. Il s'était battu avec l'amant de la mère de Igrèk. Le berger allemand des voisins de l'amant de la mère de Igrèk avait mordu son mollet gauche. Il avait giflé l'oncle des voisins. Mon ami psychiatre me téléphonait une fois par semaine. Il ne me téléphone plus. Il m'a envoyé une carte postal à son retour de vacances. Il a écrit que j'avais eu tort d'être le complice des manipulations de la mère de Igrèk. Il a ajouté qu'il avait certainement eu tort de tomber amoureux de Igrèk. Je suis devenu l'amant de Igrèk. Igrèk a répété qu'elle ne supportait pas les paranoïaques. J'ai refusé de procéder à l'arrachement du papier peint du couloir de Igrèk. Igrèk a constaté que la relation que j'entretiens avec Doublevé s'appuyait sur une structure paranoïaque. J'ai cessé d'être l'amant de Igrèk. Je ne suis plus l'amant de Igrèk. Je suis le père géniteur du futur enfant de Zède. Je ne sais pas pourquoi j'entretiens une relation paranoïaque avec Doublevé. Doublevé appartient à la catégorie que je définis par le terme général d'ami. J'ai présenté Doublevé à mon ami psychiatre et à son ancienne amie Igrèk sous le terme d'ami. Je présente mes parents sous le nom de "parents". Mes parents sont mes parents. Mes amis appartiennent à la catégorie de mes relations amicales. J'aime mes amis. Mes amis m'aiment. Mon père géniteur aime ma mère. Ma mère aime mon père géniteur. J'aime la mère génitrice de notre futur enfant.
Je ne marche pas. Je lis une carte de voeux. Un passant lit un roman. Un chien attend. J'ai reçu des voeux de la mère de Igrèk. La mère de Igrèk me souhaite de passer une bonne et heureuse nouvelle année. Mon ami psychiatre ne m'a pas envoyé de voeux. Ma mère ne m'envoie pas de voeux. Je n'envoie pas de voeux à ma mère. J'ai offert un bouquet de fleurs sauvages à Zède. Je ne lui ai pas envoyé de carte de voeux. Je n'ai pas dit à Zède que la mère d'Igrèk m'avait envoyé des voeux. Doublevé ne m'envoie pas de voeux. Je n'envoie jamais de carte de voeux. J'évite également d'envoyer des lettres de rupture. Je ne me confine pas dans l'expression de mon malheur. Je rédige des notes d'intention importante. Je ne suis pas envieux de la réussite des amies femmes de Zède. Les amies femmes de Zède sont mariées. Elles habitent en couple avec des hommes. Elles élèvent des enfants ou des cockers. Elles partent en vacances. Doublevé n'est pas marié. Il ne part jamais en vacances. Il estime que l'Art Moderne est la forme la plus avancée de la décomposition de la société. Il n'a jamais lu mes notes d'intention. Igrèk avait affirmé que je pouvais venir chez elle quand j'en avais envie. Elle avait ajouté qu'elle préférait cependant que je lui passe un coup de fil avant de passer chez elle. Elle avait précisé qu'elle ne voulait pas fréquenter Doublevé. Igrèk n'a pas d'opinion déterminée concernant l'Art Moderne. Elle n'a pas envie de fréquenter des personnes qu'elle ne trouve pas intéressantes. Elle s'assume. Elle dirige un Service rattaché à un Service Extérieur. Elle lit parfois mes notes d'intention. Son nouveau mari travaille dans une imprimerie de la Mairie. Il a des amis. Ils travaillent dans des entreprises de Service de la Municipalité. Igrèk a déménagé. J'ai repeint le nouveau mur porteur de sa salle d'eau. La grand-mère de son mari est décédée. Elle attend un enfant (un garçon ou une fille). Son mari attend un enfant.(un garçon ou une fille). Ils habitent dans l'ancien appartement de l'ancienne grand-mère de son nouveau mari. Zède ne veut pas savoir si elle attend un garçon ou une fille.
Zède me demande souvent des nouvelles de Doublevé. La femme séduite mariée de Doublevé demande souvent des nouvelles de Zède. Elle ne demande jamais des nouvelles de mon amie Igrèk. Igrèk ne m'a jamais demandé des nouvelles de mon ami psychiatre. Mon ami psychiatre lui a écrit plusieurs lettres et a multiplié les appels téléphoniques. Elle a pourtant fait preuve à son égard d'une franchise exemplaire. Elle n'a pas envie de se marier avec mon ami psychiatre. Elle n'est pas responsable des aventures galantes de sa mère et elle n'incite pas le chien allemand à mordre les mollets des passants.
Doublevé lit souvent le résumé de la ligne générale de mes notes d'intention importante. Je ne sais pas pourquoi Doublevé apprécie la lecture de la ligne générale de mes notes d'intention importante. Doublevé n'exerce pas la profession d'artiste peintre. Il a séduit une femme mariée. Cette femme mariée séduite a rompu ses relations amicales avec une amie personnelle et de longue date de Igrèk. Igrèk ne fréquente plus cette femme mariée séduite. Igrèk n'a pas envie d'assumer les peines de coeur de ses amies proches ou lointaines. Je ne résume pas la ligne générale de mes notes d'intention importante en présence de Zède. Zède exerce une activité professionnelle extrêmement contraignante et elle ne peut pas assumer les ruptures sentimentales de mon passé lointain ou proche.
Zède et Igrèk ne se téléphonent pas. Elles ne se sont jamais envoyées de carte de voeux. Igrèk a cessé de me téléphoner. Je téléphone parfois à Igrèk. Le nouveau mari de Igrèk me demande souvent si mes projets "avancent". La voisine Enne ne me téléphone jamais. Zède me téléphone tous les matins. Elle partage un bureau avec d'autres collègues femmes et elle n'a pas le temps de me parler longuement. Nous ne parlons pas longtemps. Zède estime que je suis libre de fréquenter les femmes de mon choix. Elle ne m'empêche pas de fréquenter Igrèk. Elle n'a pas envie de perdre son temps. Elle préfère lire un roman. Elle lit parfois les informations de la presse écrite. Elle ne connaît pas la femme séduite par Doublevé. Elle n'a pas envie de la fréquenter. Zède ne veut pas m'imposer ses choix. Notre amour est indissociable de notre relation. Zède respecte mes choix affectifs passés. Elle a rencontré trois fois Doublevé. Nous avons bu trois fois des pots dans deux cafés différents. Zède dort sur le côté gauche du lit. Je dors sur le côté droit du lit. Nous dormons dans le même lit. Zède détaille tous les soirs les initiatives de ses collègues femmes et de ses Chefs de Service. J'écoute la radio. Elle n'écoute pas la radio. Elle téléphone à ses amies femmes ou à ses amis proches. Elle téléphone parfois à sa mère. Je ne téléphone pas le soir à ma mère. Nous mangeons parfois de la soupe. Nous mangeons rarement des salades exotiques dans le restaurant exotique. Zède espère qu'elle mettra au monde un enfant normal. Zède a confiance en moi. Elle sait que je l'aime. Elle ne cherche pas à savoir si j'ai le désir de téléphoner à Igrèk. Zède veut que notre relation se prolonge dans le temps. Elle ne souhaite pas que je la quitte. Elle n'a pas envie de rompre notre relation. Elle ne veut pas s'imposer. Elle sait que la liberté est le bien le plus précieux, et qu'il est impossible de vivre sans liberté. La voisine Enne a certainement des qualités. La femme mariée séduite de Doublevé a certainement des qualités. Les hommes et les femmes pris individuellement ont tous et toutes des qualités. Zède a des qualités. Elle n'a pas la possibilité d'entretenir des rapports profonds avec toutes les femmes. Elle ne cherche pas à entrer en contact avec toutes ses collègues femmes. Elle veut bien être polie, mais elle ne veut pas adopter une attitude hypocrite. Elle ne supporte pas l'hypocrisie et le mensonge. Elle n'a pas envie de fréquenter des femmes qui ne l'intéressent pas. Elle préfère dîner avec ses amies femmes.
Doublevé supporte le mensonge et l'hypocrisie. La femme mariée séduite a certainement un amant. Doublevé n'a jamais cherché à savoir si cette femme mariée séduite a des amants. Zède n'a pas d'amant. Doublevé écoute à onze heures du matin le récit de ma vie privée. Il me demande parfois des nouvelles de la santé mentale de mon ami psychiatre. Le commissaire du district et du quartier nous a affirmé qu'il n'avait pas le pouvoir de procéder à un internement d'un psychiatre qui avait pour projet de mettre fin à son existence. Tant que ce psychiatre ne se livrait pas à des voies de fait sur la voie publique, il était vivement conseillé de l'entourer et d'éviter de le laisser seul avec lui-même (c'était un geste de solidarité élémentaire). Mon ami psychiatre n'a jamais voulu poursuivre une relation durable avec Doublevé Je n'ai jamais dit à Doublevé que Igrèk ne voulait pas le fréquenter. Doublevé sait qu'il finira dans une grande solitude. Mon ami psychiatre n'a jamais eu peur de la solitude. Il a été marié une seule fois avec une femme qu'il a rencontrée dans la maison de la mère de Igrèk. Sa femme est retournée en Pologne. Il n'a plus jamais eu de ses nouvelles. Il a gardé quelques contacts avec l'étudiante en éthno psychiatrie que lui avait présenté son ancienne femme dans la semaine qui a précédé son retour en Pologne. Il n'aime pas les chiens allemands. Il n'a pas d'attirance pour les voitures de grosses cylindrées.

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