Edito un :...
 
Mix, mélange, métissage, crossover, brassage... ouverture.
un.oeil.bien.sur,il.te.parle.et.te.poursuit...
D'abord et en premier lieu, j'ai découvert le cinéma à la télé, et j'ai zappé, magnétoscopé ce qui s'y diffusait dans des "cases" ciné-clubs, documentaires, pubs, clips...; puis j'ai été voir en salle des films d'auteurs, et ailleurs des rétrospectives, festivals, programmations sauvages, muséales... aujourd'hui il m'arrive souvent d'aller en appartement, cafés, galeries, lieux alternatifs, et "mon cinéma" ne fait plus de clivages entre films & vidéos, narratif & documentaire, underground & musée, cinéma expérimental & art vidéo... ni le cinéma indépendant (en salle d'exploitation commerciale) ni les visions trash des produits télé "grands publics" (films, séries et émissions), ni les courts-métrages-conçus-pour-passer-au-long ni les ingénieries multimédias formatées par de petits génies pour des multinationales, que ni les grands classiques du cinéma moderne ni le revival politique et formel du documentaire (et j'en passe...), que ni, ni, ni... j'ai besoin de tout cela à la fois, je ne peux me contenter de tel ou tel en particulier, il ne faut pas les hiérarchiser en blocs, juste faire la part des choses.
 
Elle est difficile à faire, la part des choses : parce que déjà le terme même de "cinéma" ne suffit pas, excluant la vidéo et le multimédia, et automatiquement connoté cinéma narratif (prononcez "commercial" ou "d'auteur") diffusé en salle ou à la télé, alors que non; de plus en plus de spectateurs découvrent le "cinéma" (dans le sens d'une appropriation, d'une pensée, quittant la posture passive de l'économie esthétique traditionnelle de ce spectacle populaire, industriel et culturel) dans cette multiplicité des genres, supports et lieux de diffusion; cela fait longtemps que, du côté des créateurs comme des programmateurs dits "indépendants", on ne fait plus d'ostracisme comme on ne ferme plus les frontières territoriales entre les genres; tout le monde est d'accord, d'ailleurs, avec cette idée qu'on ne peut réduire le cinéma à sa seule norme et que, oui, le cinéma expérimental c'est important (on en revient toujours au cinéma expérimental, comme s'il n'y avait que des immigrés, de préférence maghrébins, en banlieue, des artistes chez les PD -ou inversement-, comme s'il fallait toujours réduire et réifier pour s'ouvrir à l'autre); et tout le monde ou presque fait comme si l'on en était encore à ces années, colorisées depuis, où le cinéma n'était pas encore considéré comme art.
  
Le cinéma, ce que l'on appelle "cinéma", n'est pas réductible à ses normes : 101 n'est pas une revue de cinéma expérimental ou underground, on y parlera aussi de ce qui se trame à l'intérieur du circuit traditionnel... nous revendiquons juste ce "nouveau" statut de spectateur; nous parlerons de la "part maudite" des images en mouvement et des flux sonores qui généralement les accompagnent, parce que nous pensons qu'ils sont en passe de connaître de nouvelles dérives, propositions & perspectives et qu'il s'agirait d'accompagner le mouvement; nous venons d'horizons différents, sans nous retrouver sur une quelconque position esthétique ou économique commune; on ne sait pas trop où l'on va, alors nous irons à tâtons, tentant d'appliquer à l'écrit ce que nous vivons aujourd'hui de nos situations de spectateurs, programmateurs, cinéastes, vidéastes, artistes et caetera, de rompre avec les consensus lénifiants, stérilisants & réducteurs, qui empêchent la création d'être perçue au-delà de ses stéréotypes & fantasmes; nous voulons déjà, via l'agenda, faire connaître et reconnaître la multiplicité des façons de voir et de faire, la mise en circulation des informations étant aujourd'hui l'un des moteurs accessibles des nouvelles donnes économiques; il s'agit aussi de dédramatiser l'accès à ces "parts maudites", de tenter de redéfinir de nouvelles bases, ou plus simplement de définir nos bases, relativement inexplorées jusqu'à ce jour, d'inventer d'autres façons d'envisager l'image en sons et ses mouvements, de proposer différentes écritures, perspectives, regards... sans prétention, mais avec une ambition : ne pas hiérarchiser a priori, afin de rendre compte et de revendiquer l'ouverture du cinéma à toutes ses dimensions.
Jean-Marc Manach