Il était une fois un débat souhaitable sur le tout cela
de la vidéo en perte de vitesse, selon Heck responsable de diffusion
in Strasbourg, mais pas du tout, la vidéo redevient allègre
nous dit l'encenseur Fargier du Monde (1), mais au fait, quel était
le rêve à mettre en pratique ? Devait-il y avoir un retour
au public ? Holà, guetteur, dis-nous ce que tu vois !
Mais quel vide avenir, nous dit donc le veilleur technologique !
Il était une fois... La vidéo a-t-elle encore un avenir
? Fausse question...? Quoique donc ? Cette instance était pourtant
parvenue à sa fierté d'être. Maintenant, elle se plaint,
la catin, que, quelque chose d'autre la supplante. Ce que n'a pas obtenu
la vidéo avec l'intensification du caméscope, le on et off
line l'obtiennent : toucher la masse.
Peut-être parce que les rêves changent. Ce que nous avons
perdu dans le rêve défunt de la conquête spatiale, nous
le retrouvons dans ce nouveau rêve de circulation à grande
vitesse. La science-fiction qui reste la science de projection d'un réel
dans l'inconnu, au lieu de s'élancer vers le haut, cette fiction
se rabat sur la planète. Un ultime tramage, dépassant tous
les arpentements des géomètres, nous ouvre des doubles souterrains
de continents. Du coup, qui dit multiplication des voies de communion dit
démultiplication de l'entité humaine. Une croisière
d'Ubu à Babel. A tel point qu'il y a enjeux. Le rapport anodin de
se connecter afin de converser permet de détourner les billions de
la course aux armements pour les diriger vers cette nouvelle conquête
planétaire qu'il ne faut rater à aucun prix. La chasse au
bison est revenue : rien ne doit arrêter le passage de cette locomotive
donnant sens et direction aux investissements du Kapital emprisonné
depuis trop longtemps dans les hauteurs capricieuses du profit. Enfin, la
manne céleste reviendra au sol. Enfin, les ministres lieutenants,
les caporaux présidents des républiques, les directeurs maréchaux,
les pd-g qui en ont, tous propagandent les bataillons fleuries de la jeunesse
bien éduquée. Enfin, les soupapes monétaires et autres
instances de décision, tous ces mécanismes un peu grippés
vont bientôt se griser et résonner dans la furie du combat
des S.A. Objectif Cyber ont décidé Al Gore et Bill Clinton.
Et ça marche, toute l'économie se réorganise. Le programme
de la guerre des étoiles est à peine enterré que les
préparatifs de la guerre informationnelle surgit.
Et le cyber rit. Parce que la vidéo ne se pose plus en problème
d'esthétique mais en problème de connectique cablo-satellitée.
La vidéo est devenue une matière commune des boyaux débouchant
dans les lucarnes. Il faut remplir à tout prix ces bocaux, même
avec du restant de futur propositionnel !
Que nous importe désormais la vidéo ? Ce machin qui n'agite
toujours rien, ne propose que du flagada visuel rempoté ? Où
est donc passé son excitation originelle ? Fut un temps où
elle aurait pu devenir dangereuse. C'est vrai. Détruire une image,
détruire une information en mouvement pour la reformer-recomposer
toujours mouvante, annihiler une matière pour la recréer,
voilà qui est profondément subversif. Fut un temps où
: Voici un projet réel : celui d'accomplir... : ici d'accomplir la
vision directe du présent sous sa forme de perpétuelle formation...
: celui de décadrer nos oeillères et de ce fait décaler
notre manière de voir le monde... : celui de concrétiser cet
espoir fou de changer les façons de vivre grâce à la
transformation de ce que l'on injecte dans l'oeil... : Mais toute la joyeuse
escapade fut placée sous cadre doré par le savant babillage
des insti-tuteurs d'art qui ne défendent que leur corporation. Ils
chantent leurs gloires et chancrent les échos des ego. Et pourtant
le choix était là, bien réel : poursuivre cette destruction
systématique des images reçues, bousculer les sages côte
à côte, rester sur la route avec son camion émetteur
(2) ou bien rentrer en hospitalité muséale. Mais si la vidéo
était à bouffer, sèche comme elle est, il n'y aurait
pas un seul heureux. La fraîcheur s'est fanée, les relais du
désir se sont perdus. L'intention des 100 lieux de diffusion vidéo
(3) s'évapore : oui, la vidéo a perdu sa force de proposition.
Un sort d'orgueil semble être lancé dès qu'un moyen
extra-ordinaire d'expression concrétise son territoire : à
peine se sont-ils fixés une définition que ne voila-t-il pas
qu'eux, les bâtards issus d'étranges couplements, aussitôt
ils courent calfeutrer les accès qui les ont engendrer et qu'ils
en perdent alors toutes leurs fraîcheurs. Gueuses et gueux ayant goûté
de la gloire muséale en sont depuis restés putréfiés.
Et ce n'est point l'élitisme de ses si peu accueillantes diffusions
qui les sortiront de cette impasse. Et bien oui, les jeux vidéo enfantins
(mais la nouveauté serait-elle en danger d'être avortée
?) ont détrôné les glorieux distordeurs zappeurs caméscopeurs
d'images de tous horizons. Ne les voit-on pas pompeusement rejoindre le
piédestal des muses en dédaignant leurs ultime rejeton, le
mas Tuhvu estcequec'esttiques d'un MTV a-sceptiques.
Apparemment, l'apparition du nouveau cyber-continent n'a fait que plus
racornir la vidéo comme les autres bas-arts dans le désespoir
de leurs minces privilèges de lieu-dit créatif. Et puis s'il
y a création, cela reste de l'ordre du cercle circonscrit. Alors,
qu'on ne vienne pas nous demander de débattre sur un médium
qui ne prévoit toujours pas de reprendre le flambeau. Certains crient
à la nostalgie d'autres époques, mais et quoi ? Comptons tout
ce que nous avons perdu ! Tout ! Qui dira maintenant l'éructation
de nos possibles désirs dans des matériaux convenables pour
une fiction à construire ? Quel avenir vide et exsangue de maison
close ne nous faut-il pas désormais supporter!
Imaginons donc ce rare venir . . . :
Règlement:
Je sauvegarde les infos Je garde le mot de passe
J'utilise les logiciels autorisés Je protège
l'accès à mon micro
Blick
1. quasi-unique média(-teur) et critique d'art vidéo, au
Monde, Art Press, et en festivals.
2. l'idée de télés libres et itinérantes,
permettant de diffuser les images et paroles de tout un chacun fait toujours
son chemin, entre l'accès public (canal câble géré
par une association et ouvert à tous) et les "télés
brouettes" (se ballader avec matériel de diffusion et k7 vidéo
de lieux en lieux).