Revues d'anthropologie critique contemporaine:
un.oeil.bien.sur,il.te.parle.et.te.poursuit...

 

CINERGON, pour qui "le spectateur écrit avec les images" , revendique une "approche critique, analytique et personnelle des films" et cite Jean-Louis Schefer et Gilles Deleuze, la revue fait penser à TRAFIC, le sérieux universitaire en plus, le milieu parisien en moins (ceci dit sans porter de jugement, ni sur l'université, ni sur la capitale).

LE CINÉMATOGRAPHE DANS LE BOUDOIR, titre choisi en hommage à Bresson, "mais en moins sévère, moins ascétique", et Sade, pour "le plaisir qu'on peut prendre au cinéma", ils lisent de moins moins les CAHIERS DU CINÉMA comme POSITIF, mais les prennent pour modèles.

ECLIPSES se revendique de la cinéphilie et ne se sent pas soumise à l'actualité des sorties, prenant le temps de revoir les films plusieurs fois, pour être plus en intimité avec eux : "c'est le spectateur qui fait l'actualité", la revue étant la conséquence et non la cause de l'écriture.

PHANTOM revendique le statut de fanzine, ouvert à toutes les possibilités du cinéma, depuis le fantastique jusqu'au cinéma d'auteur, sans tomber dans toutes ces querelles de cinéphiles en mal de figures tutélaires.

LE SEPTIÈME, créé en vue d'obtenir des places gratuites à l'UGC de Bordeaux jusqu'à ce qu'une critique acerbe d'INDEPENDANCE WAY les rende libres : s'ils n'ont pas de politique éditoriale très marquée, elle est compensée par une insatiable curiosité qui fait plaisir à voir, et vivre, par ailleurs ils aiment bien les CAHIERS comme POSITIF.

TAUSEND AUGEN est une revue audiovisuelle plus que de cinéma, plus exactement "revue de cinéma, télé, vidéo..." pour qui la cinéphilie serait une insulte, "l'audiovisuel étant constitutif de cette fin de XXème siècle", pourtant, elle ferait presque penser aux CAHIERS DU CINÉMA quand Bazin voulait encore y parler de télévision, avant la normalisation cinéphilique. A noter que le n°7 (novembre 96) contient un dossier recensant 31 publications indépendantes réparties sur toute la France.

 

A noter que les cinéastes qui semblent le plus revenir sont Greenaway, Lynch, Cronenberg, Godard et Sophie Calle (mais il s'agit aussi de l'"actualité" de ces derniers mois), que les cinémas de genre est tout à fait intégré au corpus de la majorité de ces revues, que l'édition vidéo a permis de rendre accessibles des films jusque-là réservés aux seuls milieux universitaires ou parisiens, permettant aussi l'essor de ces revues.

A noter enfin que, lors de cette rencontre de "revues de cinéma", il n'était implicitement question que de cinéma narratif en salle. Attaquant assez explicitement cette réduction du cinéma à un seul genre, la provocation fut somme toute bien reçue, il semble en effet que la politique d'ouverture de 101, si évidente ou inédite soit-elle, soit aussi assez consensuelle. Le 24 mai aura lieu à Bourges, lors du Festival Bandits-Mages, un débat concernant les revues parlant de création vidéo. Affaire à suivre.

 

voir aussi la revue de presse, ne serait-ce que pour les adresses.

jmm